jeudi 15 mai 2014

Le Jeu

Je savais bien que ça allait arriver! C’est toujours à moi que ça arrive…  ça fait des siècles que ça dure!  La disparition des dinosaures, la chute du paradis, l’arche de Noé, les commandements de Moïse, la crucifixion de Jésus, Buddha, Mohamet, la deuxième guerre mondiale, Tchernobyl, le World Trade Center, la guerre en Irak, le Tsunami, le trou dans la couche d’ozone!  Non! Mais allez vous me lâcher!!  Je savais que ça allait arriver!  Depuis la gaffe du Big Bang, tout déboule.. Avant y avait le calme au moins on s’entendait parler. On s’entendait penser…. Maintenant, y a plus une journée où il ne se passe quelque chose qui passe sur mon dos.  Dieu par ci, dieu par là!  Y a tu quelqu’un qui a pris le temps de me demander ce que j’en pensais, moi?  J’ai le dos large là… mais y a des limites!!    J’en ai ma claque que tout me passe sur le dos!  Non! Mais faut tu être bouché??  Ils se rendent pas compte ces p’tits humains que c’est eux qui provoquent tout ça!!   C’est pas moi!!  Moi, j’fais juste regarder!  Et c’que j’vois, j’men passerais bien!  Non! Mais avoir su, là!   Il l’aurait gardé, son jeu, Belzébuth!  Non!  Mais c’est tu possible?  Ils se battent et se tiraillent pour rien et pis tout le monde dit que c’est de ma faute!  Pis quand c’est pas d’ma faute, c’est celle de Belzébuth!  J’te dis!  J’vas toute mettre ça à la poubelle moé, c’te jeu là!  D’une shot!  On va retrouver le calme au moins!!  Je r’demanderai autre chose au père Noël!  C’est tout!  Non!  Mais Faut pas exagérer?
- Didiiii!! 
- Oui! 
- C’est l’temps d’venir souper!!
- Oui! Oui! M’man!!  J’serre mon jeu pis j’m’en viens là!
- Viiite!  J’t’ai J’t’ai préparé ton plat préféré!!
- Du fromage de lune farcie au miel!  Oooh!  Miuuum! 
Tit-Dieu dévale les escaliers pour aller souper.  Il S’assoit à table.
- Hé!  M’man!
- Oui, tit gars!
- J’pourrais tu avoir un autre jeu à Noël!  Chu tanné d’ma terre pis de leurs problèmes   J’aime pus ça jouer à ce jeu là…
-  Faudrait que tu ailles jaser de ça avec Grand-maman! 
- Ooooh!  Mais grand-maman a dit toujours la même chose!!!  « Sois patient!  Sois patient mon Tit-Dieu Tu vas voir!   Tu vas voir!!  Ils vont faire de grandes choses, tes humains!  Laisse leur le temps!! »  Non! Mais chu tanné d’être patient m’man!!  Ils n’arrêtent pas de faire des niaiseries!  Pis y m’mettent tout sur le dos, en plus!     
- Tit-Dieu!!  On en a déjà parlé… Tu sais c’que ton père pense de ça!
(Tit-Dieu regarde intensément sa soupe)
- Si j’me souviens bien, c’est toi qui l’a choisis ce jeu là?
 (petit soupir de découragement de Tit-Dieu )
- Faut que tu apprennes à prendre tes responsabilités Va jusqu’au bout, et si tu aimes vraiment pas ça on en reparleras dans 1000 ans….
- Mais mamaaaan!!  C’est looong 1000 ans!!
- Tit-Dieeeuuu!
- …Mppphh (Moue)
- Mange ton souper là avant qu’t’on père arrives
- J’vas-tu pouvoir aller jouer dehors après souper?
- Oui!  Tit-Pit! Quand t’auras finit de faire tes devoirs!
(Grommellements de Tit-Dieu) 
- « Boum, Ccraaak! »
- Tu m’avais pas dit que t’avais tout serré? 
(Tit-Dieu, l’air innocent)
- Vas m’serrer ça comme du monde, tout de suite!
( Tit-Dieu se précipite dans l’escalier en bougonnant et en marmonnant… )
- Je l’savais…  Un autre affaire qui va passer sur mon dos!

lundi 12 mai 2014

L'avion de papier

J'écris sur un avion de papier mes pensées dépareillées, mon coeur grand ouvert, mon âme au clair!  J'écris sur mon avion de papiere, l'histoire de la patate assassinée!!  Celle de Gustave qui escalade l'empire state building en ventouse.... à douzes!  L'histoire de la giraffe sur la plage qui a réussis à ne pas vendre son âme au diable à grand coup de courage..

Sur mon avion de papier, j'écris l'histoire de l'écrivain fou qui avait décidé de s'attacher à son bureau pour réussir à enfin écrire son livre au pinceau, comme une toile, comme une fresque , comme un Giono!!  Des mots sucrés, des mots salés, des mots sûrs, des mots amers, des mots purs, des mots de travers!!

J'écris sur un avion de papier les histoires qui constituent, les fragments de ma vie, celle, déjà écrite, et celle qui reste à écrire.... Puis, je lance cette avion de la lune!  Ça fait beau sur un fond d'espace tout étoilé!!

dimanche 11 mai 2014

Effluvorescences



Mon écriture bouillonne dans mes artères, martèle ma tête, sculpte mon cœur!  Je ne reviendrais plus ici!  Plus jamais!  Je crée ce que je crois et je crois ce que je crée!  Satanée Salomon!  Il m’a déboutonné l’âme!  Je ne sais plus à quels saints me vouer.   J’aurais pu y mettre mes dents.  J’aurais pu y mettre ma sauce.   J’ai refusé.  Il a le don de me mettre en rogne, ce mec!  Ohh!!  Je dois écrire, je dois écrire!! 
Aujourd’hui, Simon est passé à côté de moi, dans le corridor noir.  Il ne m’a même pas vu.  Où, il a fait comme si.  Pourtant, je suis facile à voir avec mon gros ventre et mes milles petites pattes velues.   Mon gros ventre, il contient la terre, la terre entière, la terre lumière.  La terre mère.  La mer avec toutes ses obscénités. Mon ventre, il me fait voler, plus haut que les nuages. Mon ventre est comme un ballon de plage, léger et rond, comme un dirigeable qui se dirige vers le diable et pique finalement dans le sable.
Mon ventre.   Mon bébé.   Simon c’t’un con!   J’aurais aimé lui dire en pleine face, lui dire sur toute sa surface, de la tête aux talons, que c’t’un con!   Il l’a poussé, Zet.   J’l’ai vu, il l’a poussé à bout portant.  Il l’a poussé du bout du quai.   On a appelé ça un suicide.  Que le monde ne comprend pas.  Un suicide, c’est quand on abandonne la vie, pour embrasse la mort…   Zet est tombée dedans!!   C’t’un accident!   Elle ne voulait pas mourir.  Elle était déjà morte par en dedans.  Ça ne se voyait pas trop.  Mais moi je le savais.  Simon, s’t’un con!  Un con la queue en l’air prêt à tout faire!!  Un cornichon.  Et moi qui porte en moi, un morceau de lui.  Mais faut que j’fasse ça pour Zet.  Faut que j’résiste!  Faut pas que je capitule.  Faut pas que j’me laisse pousser.  Parce qu’il me pousse moi aussi…  à Bout…  Il passe à côté de moi comme si j’étais la 342ème brique…  Celle du bas du mur nord-est, à l’ombre.  Le mur qu’on ne voit pas.  Je ne suis plus rien pour lui.  Pourtant, j’ai un morceau de lui dans mon ventre.  Ce morceau m’appartient maintenant.  Il le saura jamais, sauf quand on s’ra vraiment vieux.  Là, p’t’être que j’y dirais que ce beau grand homme qui aura sauvé la terre de tous ses péchés, que c’est son fils.  Ça vient de lui.  Toute cette beauté vient de lui!   Ça, ça va l’tuer!  Il peut pas supporter le bonheur, la beauté, la bonté.   Mais j’vais lui dire juste quand le fils sera inaccessible, indifférent, dans un lointain firmament.  Moi aussi, j’vais l’pousser comme il a poussé Zet. 
Personne ne le sait.  Personne ne s’en doute mais moi je l’ai vu.  Zet était pas la fille la plus heureuse mais ce n’était pas la plus malheureuse non plus.  Pas au point de se jeter devant.   Oh!  Un coup de pied!  Hé!  Bébé!  T’as une opinion toi aussi!  Mais j’l’ai vu, j’te dis!  Il l’a poussé.  Il a mis sa main sur sa taille.  Sa petite taille de guêpe et elle est tombée dans le nid, poussée par Simon.  Tout l’monde a cru au suicide.  Tout l’monde a cru Simon quand il a dit vouloir l’empêcher.  Simon c’t’un con!  C’t’un ras de marrée de méchanceté.  Il l’a poussé Zet.   Elle ne voulait pas mourir.  Je l’sais elle me l’a dit!   Simon c’t’un con! 
Heureusement, ces temps-ci, je pense qu’à Salomon.  Salomon c’est son ami, mais quand il me caresse subtilement de ses poésies, je perds mes moyens, je perds mes défenses.  J’oublie de dire non.  En fait je dis oui!   Salomon c’t’un poète.  Un poète de l’an 3010, qu’y disent.  Un poète de la liberté.    Sa bouche occupée à m’embrasser, parle pas du moins, pas en mots comme on est habitués d’entendre  mais elle fait de gros dégâts pendant que son âme m’enlace de strophe et de para strophes mon corps se déshabille et s’étend. En quelques secondes, je suis couché, nue et je ne peux plus rien contrôler.  Ça c’est Salomon.  C’t’un poète.  C’t’un artiste de la pensée.  Et je l’aime comme j’ai jamais aimé personne.  Même pas moi.  S’il accepte, ce sera le papa de Zoro Mon bébé.  On fera l’amour à cent milles lieux à la ronde.   Je ne mourrais jamais les pieds gelés, le cœur tout réchauffé et je ne l’aimerai jamais trop.  C’est bien écrit en gros dans mon cerveau!